Par Joachim Treyer, Directeur Général Cost House et Valoptia
« Services IT », de quoi parle-t-on ?
Les DSI mettent à disposition des services IT pour les métiers au sein de l’entreprise ou pour des entités externes à qui ces services sont potentiellement facturés.
Ces services correspondent typiquement à des environnements de travail utilisateurs (postes de travail, moyens d’impression, smartphones, …) ou à des services applicatifs (CRM, ERP, MES, …).
La mise en place d’un modèle de costing IT permet aux DSI de connaître et piloter les coûts des services qu’elles mettent à disposition.
Le lien avec les émissions carbone
Au-delà d’un pilotage économique, les DSI cherchent aussi à piloter l’empreinte carbone de l‘IT. Un bilan carbone constitue une première étape pour un tel pilotage « écologique ». Néanmoins, pour enrichir les leviers à activer, il est important de connaître l’empreinte carbone (CO2eq) de chaque service mis à disposition.
La transposition d’un modèle de costing IT en modèle d’allocation des émissions carbone IT permet précisément de calculer ces empreintes CO2eq par service IT comme l’expose le schéma ci-dessous :
Dès lors qu’on sait mesurer le coût et l’empreinte C02eq de chaque service, on est en mesure de valoriser un indicateur « d’intensité carbone » qui correspond simplement, pour un service donné, au ratio entre l’empreinte CO2eq et le coût en €.
L’intensité carbone d’un service IT représente ainsi le nombre de grammes de CO2 émis par € dépensé.
Cet indicateur permet d’analyser les émissions CO2eq, par exemple à l’aide de la représentation suivante :
Sur cet exemple, on constate que l’intensité carbone des services varie pratiquement du simple au quadruple entre le « Service 1 », qui est le plus onéreux mais qui a l’intensité carbone la plus faible, et le « Service 5 » qui a une intensité carbone de 150 gCO2 émis par € dépensé.
Cette analyse permet d’orienter les pistes de réduction des émissions en fonction des services :
Pour le « Service 1 », la priorité consiste à essayer de réduire le volume de service consommé ce qui aura un impact sur les coûts et aussi sur les émissions CO2eq.
Pour le « Service 5 », en revanche, la priorité consiste à analyser les raisons de sa forte intensité carbone afin d’essayer de la réduire : ce service est-il fortement consommateur d’infrastructures matérielles émettrices de carbone, est-il hébergé dans un pays avec un mix énergétique défavorable, y a-t-il d’autres raisons structurelles expliquant son intensité carbone ?
Des obligations de reporting réglementaire
Pour se conformer aux directives CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), les entreprises doivent mesurer leur empreinte environnementale de façon transparente et produire un reporting associé. Les entreprises doivent donc notamment collecter l’empreinte CO2eq des produits ou services qu’elles achètent.
Ces obligations réglementaires renforcent ainsi la nécessité de piloter l’empreinte CO2eq des services IT pour les DSI qui les facturent à des entités juridiques tierces.
L’intensité carbone des services IT va, dès lors, constituer un indicateur majeur suivi aussi bien par les entreprises qui les produisent que par celles qui les consomment.
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