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Interview de Marc Jacouton, Directeur Commercial et Développement durable de la société Image Wear

Délocalisation et Développement durable

Cost House : M. Marc Jacouton, vous êtes le directeur commercial et du développement durable de la société Image Wear, une filiale du groupe Sperian Protection. Votre société conçoit, produit et vend des vêtements d’image à des clients tels qu’Air France, SNCF, Europcar, Schindler, etc. La particularité d’Image Wear est de sous-traiter totalement ses fabrications au Maghreb, en Europe de l’Est, en Asie et en Inde. Vous prônez le développement durable. Quels éléments vous permettent de le faire ?


Marc Jacouton : « Quelques mots tout d’abord du contexte dans lequel évolue Image Wear. Comme vous l’avez précisé, nous faisons partie du groupe Sperian Protection, dont la mission est d’équiper et protéger les femmes et les hommes dans leur milieu professionnel. La notion de protection de l’individu est donc dans l’ADN de notre groupe.

Sperian Protection est ensuite un groupe coté en bourse et à ce titre, en accord avec les Nouvelles Régulations Economiques, se doit dans son rapport annuel de communiquer sur l’impact social et environnemental de ses activités. Il a été naturel pour lui de s’engager dans la voie du développement durable.

Les business units du groupe ayant des marchés très différents, Sperian a souhaité qu’elles conduisent de façon autonome leur démarche de développement durable, Sperian collectant les Best practices pour un éventuel déploiement au sein du groupe.

Cette incitation de notre groupe, la demande de notre clientèle, notamment les grands comptes, et les valeurs que nous partagions au sein d’Image Wear nous ont conduits à réfléchir et à mettre en œuvre une démarche de développement durable qui nous est propre. Quels étaient les enjeux ?

  1. Image wear, dans son marché, a été la première société à pratiquer le sourcing lointain pour ses achats et sa sous-traitance.

  2. Le secteur du textile, à ce sujet, souffrait d’une double image négative. A la fin des années 90, il avait été mis en avant des pratiques de sous-traitance douteuses avec des sociétés faisant travailler les enfants. Les matières premières textiles, ensuite, avaient mauvaise presse pour leur impact écologique : il faut savoir que la culture du coton consomme à elle seule 25% des pesticides utilisés sur la planète et consomme beaucoup d’eau.

Pour faire face à cette réalité, nous nous sommes engagés dans une réflexion stratégique et avons mis en place un plan d’actions pour le développement durable. Ces actions peuvent être regroupées en cinq familles :

  1. Une procédure d’audits sociaux, environnementaux et de qualité chez tous nos sous-traitants.

  2. Une offre équitable certifiée par une labellisation Max Havelaar qui garantit l’utilisation de matières premières issues d’une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement.

  3. Un bilan carbone connu pour chacune de nos collections. Nous avons été les premiers à le faire dans notre marché. Avec Climat Mundi, nous avons développé et utilisé un calculateur des niveaux de carbone, d’eau et de déchets générés par la fabrication et mise à disposition de nos vêtements. Nous pouvons ainsi neutraliser notre empreinte carbone par une politique de compensation.

  4. Le respect de la santé du consommateur par notre refus d’utiliser des matières contenant des produits considérés « à risques potentiels ».

  5. Enfin la volonté de maîtriser le cycle de vie de nos produits, depuis leurs matières premières jusqu’à leur destruction en fin de vie. »


CH : Dans un contexte de sous-traitance délocalisée, nous comprenons bien comment vous répondez aux préoccupations d’éthique sociale et environnementale propres à une démarche de développement durable ; pourtant le fait même d’avoir délocalisé et n’avoir pas participé au maintien de l’emploi n’est-il pas contraire au principe d’équité sociale que l’on pourrait vous opposer ?


MJ : Il faut partir d’un constat. Nos produits textiles sont des produits nécessitant beaucoup de main d’œuvre. Le coût de revient d’un vêtement fabriqué ici en France et le même fabriqué en Asie, peut être dans un rapport de 1 à 10. Nos clients ne sont pas, ou ne sont plus, disposés à payer un tel prix. Délocaliser n’est donc pas une option. C’est une nécessité économique. Ce qui, aujourd’hui, reste une option, est la voie du développement durable que nous avons choisie. Pour le dire autrement, délocaliser c’était pérenniser l’activité d’Image Wear ici en France. Le développement durable nous a permis de le faire en respectant les valeurs qui sont les nôtres. Ces valeurs qui, en retour, ne nous permettent pas seulement de participer au développement économique équitable des régions à qui nous confions nos fabrications. La pratique de compensation de nos bilans carbone nous donne l’occasion de financer des projets verts, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et notre volonté de maîtriser le cycle de vie de nos produits nous incite à imaginer des solutions de récupération et de traitement des vêtements en fin de vie. Deux initiatives source d’emplois.


CH : Délocalisation et développement durable ne sont donc pas antinomiques ? MJ : Non. Dans un marché farouchement compétitif, où la préoccupation principale aurait pu être seulement la réduction des coûts directs, nous avons choisi une approche coût total, en prenant en compte le coût de l’impact social et environnemental de nos produits et services. Nous faisons le pari que cette démarche, en rupture avec le marché, nous permettra de mieux échanger avec nos partenaires et nos clients, et, soyons clairs, assurera nos succès commerciaux  bâtis sur des valeurs communes.

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